Dans cet article, vous découvrirez combien de temps dure vraiment un lumbago, quelle peut être la durée de l'arrêt de travail, et ce que l'on sait sur la prévention des récidives.

Que ce soit au moment de ramasser sa chaussette, de porter un meuble ou simplement en se réveillant le matin, le lumbago est toujours une mauvaise surprise. Cette douleur foudroyante dans le bas du dos vous empêche de bouger et transforme tout déplacement en aventure. Si vous souffrez actuellement d'un lumbago, vous n'avez probablement qu'une question en tête : "Quand est-ce que ça s'arrête ?".

Cet article n'a pas pour but d'expliquer ce qu'est un lumbago, ni ses causes possibles. Ici, nous parlerons simplement d'un épisode aigu et intense de mal de dos, ce qu'on appelle aussi "se bloquer le dos" ou encore le "tour de rein". Le lumbago est appelé lombalgie aigüe dans le milieu médical.

Combien de temps dure un lumbago ?

Je me doute que vous avez déjà fait quelques recherches avant d'arriver ici. Vous avez probablement lu qu'un lumbago disparaît tout seul en 4 à 6 semaines, voire moins.

Ce qu'il y a de vrai là dedans, c'est que la majorité des épisodes de lombalgie aigüe sont spontanément résolutifs : vos douleurs disparaissent naturellement, sans traitement. Ces épisodes douloureux sont au final assez commun dans la population, et deviennent de lointains souvenirs.

Si vous êtes curieux, le délai habituellement annoncé de 4 à 6 semaines mérite davantage d'explications. Deux regroupements d'études scientifiques en 2003 (réf) et en 2012 (réf) nous donnent des informations plus nuancées et complètes sur l'évolution de la douleur suite à un lumbago.

Est-ce que le mal de dos disparaît en 4 à 6 semaines ?

En moyenne, l'intensité de la douleur diminue beaucoup durant le premier mois, puis elle continue à diminuer plus lentement jusqu'au troisième mois.

Entre le troisième mois et un an (durée de suivi maximal des études ici), la douleur et les capacités physiques n'évoluent plus beaucoup.

Les résultats détaillés d'une étude de 1996 peuvent vous aider à réaliser comment cette évolution est progressive. Un mois après la première visite médicale, près de 3/4 des personnes ressentent encore a minima une douleur légère et sont encore gênés dans la vie de tous les jours. Un an après, 33% des personnes se plaignent encore de douleurs au moins modérées, 15% rapportent des douleurs sévères et 20 à 25% sont encore gênés dans leurs activités.

Dans cette autre étude de 2012, ce sont 71% des patients qui ne sont pas "totalement sans douleur" après un an.

Tout le monde ne se retrouve donc pas magiquement sans douleur après 4 à 6 semaines.

Pourquoi est-ce important ?

Encore récemment, un patient me disait qu'il s'inquiétait car ses douleurs lombaires étaient encore présentes après plusieurs mois. Il voulait repasser une IRM lombaire, et il était de plus en plus persuadé qu'un problème plus grave avait été manqué.

Vous pourriez également vous retrouver dans la même situation ! Imaginez : vous ressentez encore des douleurs après 3 mois, et vous êtes persuadé que la douleur "aurait du" disparaître après 1 mois. Vous pourriez vous inquiéter plus que nécessaire.

Vous pourriez être convaincu que vous avez quelque chose de grave, et qu'il faut absolument trouver ce qui cloche via davantage d'examens. Vous pourriez vous dire "Je ne reprendrai le sport que quand je n'aurai plus du tout mal, là, ce n'est pas normal".

Quelle durée d'arrêt de travail après un lumbago ?

La pertinence d'un arrêt de travail dépend de l'intensité de vos douleurs, de vos difficultés à bouger (ou à rester immobile) et des caractéristiques de votre travail. La problématique n'est pas la même entre un ouvrier du BTP pétrifié par la douleur, et un comptable avec une gêne modérée. 

Dans la revue systématique de 2003, 68% à 86% des personnes ayant été mises en arrêt de travail reprenaient leur travail durant le premier mois. Au total, environ 93% des personnes reprennent leur travail dans les six premiers mois.  

On peut donc considérer que pour la majorité d'entre vous, l'arrêt de travail durera moins d'un mois. Que s'est-il passé pour les personnes qui n'ont pas pu reprendre leur travail à 6 mois, voire à un an ?

Qu'est-ce qui fait qu'un lumbago met plus de temps à guérir ?

Pourquoi votre voisin s'est-il rétabli en 3 semaines, alors que vous ressentez encore de nettes douleurs 6 mois après votre premier lumbago ?

De nombreuses études se sont penchées sur le sujet (en voilà une), et il faudrait un article dédié pour traiter sérieusement la question. Dites moi si cela vous intéresse dans les commentaire en bas de page !

Pour le moment, voilà une liste non exhaustive de facteurs qui peuvent allonger le délai de rétablissement. On comprend alors aisément que le même lumbago, s'il se produit chez deux personnes différentes, pourra suivre des évolutions très variables. La présence de facteurs psychologiques ne signifie pas que la douleur est dans la tête.

  • Un haut niveau d'anxiété et d'inquiétude vis-à-vis de la douleur, de l'état de votre dos, de son évolution, etc.
  • Une haute intensité de douleur et beaucoup de difficultés à continuer les activités quotidienne juste après le lumbago.
  • Souffrir de dépression
  • Des troubles du sommeil importants
  • D'autres facteurs individuels : obésité, tabagisme,
  • Exercer un travail avec une forte charge physique et/ou mentale
  • Ne pas savoir comment gérer la douleur et vos activités, trop en faire ou trop éviter de bouger

Comment faire pour ne plus jamais faire de lumbago ?

Ce que toutes les études citées soulignent, c'est que la probabilité d'une récidive du lumbago est haute. Dans certaines études, jusqu'à 84% des personnes refont un lumbago dans l'année qui suit le précédent. La question de la prévention des récidives se pose alors.

Malheureusement, nous ne connaissons à ce jour pas de technique ou d'approche qui permette d'empêcher de façon fiable un autre lumbago. Les facteurs de risque de récidive sont eux-mêmes assez obscurs (réf). Toute  promesse telle que "Plus jamais de lumbago avec mon programme PloufPlouf® !" devrait éveiller des soupçons chez vous.

Certaines choses comme la pratique d'exercices physiques pourraient permettre de diminuer ce risque (étude), mais il nous faut davantage de preuves avant de pouvoir l'affirmer.

Être actif physiquement reste néanmoins une bonne idée, compte tenu des nombreux bienfaits associés au niveau de la qualité de vie, des capacités physiques, de la santé mentale et bien d'autres encore.

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Conclusion : série de lumbagos ou lombalgie chronique ?

Si vous faites un lumbago tous les deux mois, cela peut être utile de ne plus considérer ces lumbagos comme des évènements isolés mais comme des symptômes d'un problème plus global. 

Quelle différence ? La façon de gérer et d'interpréter ces évènements aigus (passer de "oh, je me suis encore coincé ma vertèbre" à "tiens, voilà une crise douloureuse liée à X et X et X, voilà ce que je peux faire". Dans le premier cas, typiquement, vous rendez visite à votre thérapeute manuel préféré à chaque pépin. Dans le second cas, vous apprenez à gérer cela de façon plus autonome, et les résultats sont bien meilleurs.

Le temps entre les lumbagos devient alors un temps à investir pour améliorer sa condition physique et apprendre à mieux connaître son corps. Vous pourriez être intéressé(e) par les 54 astuces pour mieux gérer le mal de dos chronique.

À bientôt 

Éric

Catégories : Comprendre

2 commentaires

Lovelyso · 27 novembre 2023 à 10:42 pm

Bonjour,

Vous ne faites pas allusion ici au traitement médicamenteux « initial » type anti-inflammatoires, décontractant musculaire et ou paracétamol. Conjugué au repos forcé, s’il est efficace à faire baisser sensiblement les douleurs (et donc reprendre des activités après la période nécessaire au rétablissement) ce traitement médicamenteux est il tout de même à éviter ? Faut-il laisser la douleur s’exprimer ? Ou plutôt la museler au plus vite ?

Je serais par ailleurs intéressée par un article sur
Qu’est-ce qui fait qu’un lumbago met plus de temps à guérir ?

    Eric Bouthier · 27 novembre 2023 à 10:47 pm

    Bonjour,
    Merci pour votre commentaire ! Effectivement l’article traite de la durée d’un lumbago, pas des traitements. Le sujet est bien entendu intéressant ! Les pratiques habituelles risqueraient d’en prendre un coup (l’efficacité de plusieurs médicaments habituellement prescrits laisse à désirer). À développer dans un futur article 🙂

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