Vous souffrez de mal de dos ou de sciatique, et vous vous demandez quand il est nécessaire de passer une IRM lombaire ?
Améliorée et démocratisée dans les années 80, l'imagerie par résonance magnétique permet d'étudier avec une précision impressionnante les différentes structures de la colonne vertébrale. Ce type d'examen est fréquemment utilisé pour déterminer les causes de problèmes de dos, en recherchant principalement des hernies discales, des dégénérescences discales ou d'autres variations anatomiques.
Il semble alors naturel de vouloir l'utiliser dès qu'une douleur se présente, pour identifier la cause de la douleur. Dans cet article, nous explorons les situations où une IRM du dos est indiquée, les symptômes qui peuvent justifier un tel examen, et les conséquences d'une imagerie non indiquée.
Que voit-on sur une IRM lombaire ?
"L'Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) est une technique d'imagerie médicale permettant d'obtenir des vues en deux ou en trois dimensions de l'intérieur du corps de façon non invasive avec une résolution en contraste relativement élevée." (Wikipedia)
On obtient alors une image extrêmement détaillée de tous les composants du corps (contrairement à la radiographie, qui montre surtout les os).
Ce qui intéresse le plus les professionnels de santé, ce sont les caractéristiques des disques intervertébraux, d'éventuels conflits entre les structures de la colonne et le système nerveux, la santé de celui-ci, et d'autres détails encore.
Quand faut-il passer une IRM du dos ?
Les recommandations de la Société Américaine de la Douleur, basées sur une analyse de la littérature scientifique, sont très claires.
- Les médecins ne devraient pas prescrire d'imagerie de façon routinière aux patients souffrant de lombalgie non spécifique.
- Les médecins devraient effectuer des examens complémentaires d'imagerie chez les patients lombalgiques si des déficits neurologiques sévères ou évolutifs sont présents, ou quand une pathologie sérieuse est suspectée.
Il convient également de patienter un ou deux mois dans certains cas, lorsque l'évolution naturelle de la pathologie est susceptible de régler le problème sans intervention.
Saviez-vous que l'IRM est inutile dans beaucoup de cas ?
Si vous suivez le blog depuis quelques temps, vous savez probablement déjà qu'il est très difficile de relier le mal de dos à une lésion précise dans la zone douloureuse. Plus la douleur persiste, moins elle semble associée à une blessure.
En réalité, on estime que le mal de dos n'est clairement relié à une lésion/blessure (telle qu'une hernie, de l'arthrose, etc) que dans environ 10% des cas. On parle alors de lombalgie spécifique.
Les problèmes sérieux comme une tumeur ou une infection n'excèdent pas 1% à 2% des cas.
Dans 9 cas sur 10, on ne peut pas établir un diagnostic fiable grâce à l'imagerie médicale. On parle alors de lombalgie non spécifique, ou idiopathique. La douleur est alors due à une multitude de facteurs physiques, biologiques, psychologiques, contextuels, etc.
Le défaut de l'IRM pour le dos ? Sa précision !
Nos appareils d'imagerie tels que l'IRM sont tellement sensibles et précis qu'ils détectent des soi-disant "anomalies" dans la majorité de la population !
Si vous prenez 100 personnes de 50 ans qui n'ont pas mal au dos, 80% présentent au moins une dégénérescence discale , 60% ont une hernie discale et un tiers ont de l'arthrose au niveau des articulations zygapophysaires. Et ils n'ont pas mal !
Voilà le tableau complet des résultats de la revue systématique de Brinjikji & al en 2015. Repérez la colonne qui correspond à votre âge, et découvrez quelles "anomalies" on retrouve chez des gens de votre génération qui n'ont pourtant pas de douleur.
Ainsi, pour diagnostiquer les 10% de patients dont la douleur est réellement liée à une lésion, nous usons et abusons de ces examens complémentaires. Quelle est la conséquence ?
Nous avons créé et propagé parmi les 90% restants la croyance selon laquelle le mal de dos est dû à ces résultats d'IRM.
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Comment l'IRM du rachis lombaire peut-elle vous faire du mal ?
En plus d'être inutile dans la plupart des cas, et de représenter une dépense évitable pour la sécurité sociale, passer une IRM peut carrément diminuer vos chances de voir la douleur disparaître. Vraiment ?
On pourrait croire qu'il vaut mieux avoir quelques fausses alertes pour être sûrs de ne rien manquer, non ?
Imaginez la situation suivante (peut-être même l'avez-vous déjà vécue). Vous avez mal au dos, vous ne savez pas pourquoi, et en lisant vos résultats d'IRM vous découvrez que vous avez deux disques "abîmés".
Êtes-vous rassurés ? Est-ce que cela vous encourage à faire confiance à votre dos ? C'est tout le contraire en réalité, bien évidemment.
De nombreuses personnes développent ainsi de la peur et de l'anxiété à cause de soi-disant anomalies, qui sont en fait une partie normale du vieillissement physiologique et rarement responsables de la douleur !
Ces pensées sont de puissants messages de danger pour votre cerveau.
Ce ne sont pas que des suppositions : une étude s'est justement penchée sur le sujet en 2013. Une IRM précoce en cas de lombalgie aigüe améliore-t-il l'évolution du patient ?
"L'IRM utilisé précocement et sans indication a un puissant effet IATROGÉNIQUE* en cas de lombalgie aigüe, qu'il y ait une radiculopathie ou non. Les professionnels et les patients devraient être informés que lorsqu'une IRM n'est pas indiqué, il n'apporte aucun bénéfice, et des résultats moins bons sont à attendre."
*Iatrogénique : Se dit d'un trouble, d'une maladie provoqués par un acte médical ou par les médicaments, même en l'absence d'erreur du médecin. (Larousse)
"Mais moi, j'ai vraiment mal !"
Votre réaction pourrait être de me dire : "Je vois, vous ne me croyez pas quand je dis que j'ai vraiment mal." Celle-là fait mal à entendre, car la raison du refus n'est pas du tout un manque de confiance dans la personne en souffrance.
Il arrive, comme expliqué plus haut, qu'il n'y ait pas d'indication à une IRM malgré une douleur intense. Votre médecin vous croit, même s'il refuse cet examen (pour votre bien).
Si vous avez déjà eu une mauvaise expérience avec un médecin qui ne croyait pas en votre douleur, j'en suis sincèrement désolé !
"Je pense qu'il faut quand même que je fasse une IRM pour bien tout voir à l'intérieur"
Malgré cet article, vous pourriez me dire : "Bon d'accord, mais cela permet vraiment de tout voir à l'intérieur et de comprendre le problème". Nous aimerions beaucoup trouver aussi facilement la cause de la douleur.
Hélas, dans la majorité des cas (voir plus haut), l'IRM ne permet pas de trouver l'origine de la douleur. On ne peut pas non plus en faire une "au cas où" à cause des risques associés.
Et une fois que j'ai passé mon IRM, que devrais-je faire ?
La pire erreur que vous pourriez faire serait de demander conseil à des personnes non professionnelles de santé.
Même à des personnes qui souffrent également du dos, pour leur demander conseil ? Tout particulièrement... voilà l'article que vous devriez lire pour comprendre : Ne montrez pas votre compte-rendu d'IRM du dos à tout le monde !
Maintenant, si vous n'avez pas encore reçu d'explications sur vos résultats, je comprends que cela soit frustrant.
En patientant pour votre rendez-vous médical, voilà un article qui vous aidera à comprendre ces termes obscurs : Comprendre son compte-rendu d'IRM du dos
Avez-vous passé une IRM alors que votre situation ne correspondait pas aux critères cités dans cet article ?
N'hésitez pas à partager votre histoire dans les commentaires !
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