Les infiltrations épidurales lombaires sont un geste très fréquent dans les services de rhumatologie, ainsi que dans des cabinets médicaux. Elles sont souvent proposées en cas de sciatique ou de cruralgie récalcitrantes. Je vois chaque semaine des personnes qui en reçoivent à la Pitié Salpêtrière, et votre question la plus fréquente est : "Au bout de combien de temps l'infiltration fait-elle effet?".

D'une façon générale, vous vous posez beaucoup de questions à ce sujet, et cela est tout à fait compréhensible. Beaucoup d'entre vous sont inquiets à l'idée même de la piqûre. Dans cet article, vous aurez la réponse à toutes les questions que vous vous posez avant une infiltration lombaire.

Si vous êtes déjà passé(e) par là, au bout de combien de temps avez-vous été soulagé(e) ? Votre retour d'expérience est le bienvenu dans les commentaires tout en bas de l'article !

Au bout de combien de temps une infiltration épidurale lombaire fait-elle effet ?

Rentrons tout de suite dans le vif du sujet. Le délai d'action de l'infiltration dépend des médicaments qui sont injectés.

Dans la grande majorité des cas, ce sont des corticoïdes, c'est-à-dire de puissants médicaments anti-inflammatoires. Seulement, les corticoïdes ne font pas effet directement après l'injection. Il faut parfois compter une semaine pour qu'ils fassent effet. Autrement dit, si vous faites une infiltration et que vous avez toujours aussi mal 3 ou 4 jours après, il est trop tôt pour juger de l'efficacité de l'injection.

Certains médecins ajoutent un anesthésiant local (comme la lidocaïne) au produit injecté. Dans ce cas, il est possible d'avoir un soulagement immédiat et de courte durée. Ce soulagement disparaît  en quelques jours, puis l'action des corticoïdes se met en place.

Est-ce que les infiltrations épidurales sont efficaces contre la sciatique et la cruralgie ?

L'efficacité des infiltrations varie, comme toujours, d'une personne à l'autre. Elle dépend aussi beaucoup des indications.

À l'heure actuelle, les infiltrations épidurales sont surtout recommandées en cas de douleurs radiculaires sévères et persistantes, comme une sciatique ou une cruralgie. Si la douleur se limite au bas du dos, elles ne sont généralement pas indiquées. (Haute Autorité de Santé 2019).

Ces sciatiques et ces cruralgies peuvent être en lien avec une hernie discale, mais aussi une discopathie dégénérative ou encore un canal lombaire étroit. Toutes ces causes peuvent constituer une indication à l'infiltration (revue). Davantage d'information sur la cause des sciatiques ici :  "Qu'est-ce qu'une sciatique ?".

Les résultats des études scientifiques sont conflictuels, mais en 2022 une équipe de chercheurs a rigoureusement analysé les données des études disponibles. (réf)

En cas de douleur sciatique, les infiltrations épidurales permettent en moyenne un léger soulagement de la douleur et une amélioration de vos capacités dans les activités quotidiennes. Il est à noter que ces améliorations ont surtout été démontrées au court terme et au moyen terme. À partir de 6 mois post-infiltration, les preuves d'efficacité sont moins solides.

Le bénéfice rapporté est une moyenne de tous les patients inclus : certains sont très peu soulagés, d'autres sont très soulagés !

Pourquoi une infiltration lombaire ne fonctionne pas ?

Lorsqu'un soin ne fonctionne pas, c'est toujours une situation frustrante. Alors qu'est-ce qui fait qu'une infiltration peut ne pas soulager votre douleur ?

D'abord, il y a la question de l'indication : toutes les douleurs lombaires et sciatiques ne bénéficient pas de ces injections. C'est comme utiliser un antibiotique sur un virus : cela ne risque pas de fonctionner.

Même lorsque l'indication est bien posée, certains facteurs pourraient prédire une moins bonne efficacité des infiltrations. Je vous en fais une petite liste, mais sachez que toutes les études ne sont pas d'accord et que tout n'est pas certain. (réf, réf, réf , réf)

  • Si vos douleurs sont déjà présentes depuis longtemps  (plus d'un an, dans certaines études)
  • Si vous avez beaucoup d'appréhension et d'anxiété vis-à-vis de l'infiltration
  • Si vous avez déjà essayé de nombreux traitements pour la douleur (sans doute pour plusieurs raisons, discutons-en en commentaires)
  • Si vous prenez déjà plusieurs médicaments pour la douleur et/ou que ces médicaments ne diminuent pas vos douleurs
  • Si vos douleurs ne sont pas vraiment pas dues à de l'inflammation au niveau de la racine nerveuse (et ça, c'est le boulot des professionnels de santé de l'évaluer)
  • Détail supplémentaire : il semble que l'obésité n'ait PAS été démontrée comme facteur de risque d'échec de l'infiltration. Autrement dit, votre infiltration ne va pas "échouer" à cause de votre surpoids.

Qu'est-ce qu'une infiltration sous scanner, sous scopie, ou radioguidée ?

"Une infiltration est dite radioguidée lorsqu’une méthode d’imagerie médicale permet de visualiser le trajet et le point exact de l’injection." (article de blog d'un centre de radiologie)

Il en existe plusieurs types :

  • Une infiltration sous scopie est réalisée sous le contrôle d'un appareil de radioscopie (aussi appelé fluoroscopie). Au risque de me faire taper sur les doigts par d'autres personnes mieux informées, je compare cela à une radiographie en temps réel, visualisée sur un écran.
  • Une infiltration sous scanner est réalisée sous le contrôle d'un scanner (aussi appelé tomodensitométrie). Comme avec la scopie, le médecin injecte d'abord un produit de contraste (visible à l'écran) pour vérifier qu'il est au bon endroit.
  • Une infiltration sous échographie est réalisée sous le contrôle d'un appareil à ultrasons (comme l'échographie que vous connaissez). Pas de produit de contraste ici. Cette solution est nettement moins utilisée au niveau des lombaires.
Infiltration épidurale lombaire sous scopie à Genève

Image du site Medimage

Est-ce qu'une infiltration épidurale fait mal ?

Je n'ai pas trouvé d'étude qui s'intéresse particulièrement aux douleurs ressenties lors de l'injection. Néanmoins, c'est une question légitime et présente chez beaucoup d'entre vous. Je peux donc vous partager mes observations à l'hôpital, avec tous les biais que cela implique.

Il me semble que pour la majorité des personnes, le geste de l'infiltration est peu ou pas douloureux. Elles me disent souvent que tout s'est bien passé, et que l'ensemble a été assez rapide. Dans certains cas, le geste a été plus douloureux, notamment lorsque l'intervenant a eu besoin de plus de temps pour effectuer l'infiltration. 

Vous pouvez ensuite ressentir une sensation de tension musculaire dans la zone concernée (sans doute une protection en réaction à la piqûre) et/ou une sensation de pesanteur, de lourdeur dans cette zone. Ces effets disparaissent bien entendu dans les heures et les jours qui suivent.

Recevez gratuitement 5 vidéos pour bouger plus facilement et reprendre vos activités préférées

  • Des dizaines de conseils pratiques et d'exercices basés sur les dernières études scientifiques
  • Les pièges à éviter à tout prix
  • Tout ce que VOUS pouvez mettre en place pour vous libérer du mal de dos

Votre adresse mail est collectée pour vous faire parvenir du contenu supplémentaire gratuit ou payant, dans le strict respect de la réglementation européenne sur la collecte des données. Vous pouvez vous désabonner à n'importe quel moment en cliquant sur le lien présent à la fin de chaque mail.

Quels sont les différents types d'infiltration (épidurale, foraminale, par le hiatus, articulaire, etc) ?

Difficile de s'y retrouver parmi tous ces termes !

Le terme "épidural" désigne en quelque sorte la profondeur à laquelle on souhaite injecter les médicaments. En l'occurrence, ici, il s'agit d'injecter le produit juste à l'extérieur des méninges qui enveloppent les nerfs (épi : autour - dural : dure-mère, l'enveloppe la plus externe autour de vos racines nerveuse). Ces infiltrations épidurales peuvent se faire de trois façons différentes (article source).

Schéma permettant de repérer la position des lames, du foramen et de l'espace épidural dans lequel on infiltre

Image de l'Institut Parisien du Dos

La voie interlamaire est la plus courante. Le médecin passe juste à côté des reliefs osseux que vous sentez dans votre dos. Anatomiquement, il passe entre deux lames (voir le schéma).

La voie foraminale (ou transforaminale) n'est pas recommandée actuellement en France, car le seul corticoïde que nous pouvons utiliser entraine alors des risques importants (recommendations françaises).

Lorsque vous avez déjà été opéré(e) du dos, on peut aussi vous proposer une infiltration par le hiatus sacro-coccygien. En effet, juste entre le sacrum et le coccyx, une petite ouverture permet d'accéder à l'espace épidural. Les médecins injectent alors davantage de produit, pour lui permettre de se diffuser vers le haut, jusqu'à l'endroit concerné.

Les infiltrations articulaires postérieures ne concernent plus les nerfs, mais certaines articulations présentes entre deux vertèbres. Elles ne sont pas l'objet de cet article.

Pourquoi fait-on une infiltration lombaire L5-S1 ?

Les infiltrations épidurales réalisées à l'étage L5-S1 sont principalement proposées lorsque vous souffrez de douleurs qui irradient dans une ou deux jambes. À cet étage, cela concerne les sciatiques (pour les cruralgies, plus rares, l'infiltration se fait plus haut). 

En effet, au niveau L5-S1 on a accès à la racine nerveuse L5 (qui s'apprête à sortir de la colonne vertébrale) et à la racine S1 (qui continue de descendre pour se diriger vers le premier trou du sacrum). 

Les infiltrations concernent souvent les étages L4-L5 et L5-S1 à cause de la prévalence importante des sciatalgies par rapport aux autres types de douleurs nerveuses. Pour toutes les informations concernant les traitements des sciatiques, lisez cet article : "Que faire en cas de sciatique ?".

Quelles sont les effets secondaires et les complications possibles ?

Lorsqu'elles sont réalisées dans les règles de l'art, les infiltrations entraînent très peu de complications.  Une revue de 2020 (réf) trouve un taux de complications mineures survenant dans 2.4% à 9.6% des infiltrations.

Il s'agit essentiellement de réactions vagales (dont le malaise vagal), de maux de têtes temporaires, d'augmentations temporaires des douleurs lombaires ou sciatiques, et d'autres symptômes liés aux corticoïdes (rougeur du visage, déséquilibre du diabète, etc).

Les complications graves sont excessivement rares et nécessitent bien entendu une prise en charge rapide. À noter que la plupart des études concernent les infiltrations transforaminales (revoir la section sur les différents types d'injection !).

Conclusion : quelle est l'étape suivante ?

Bien qu'elle représente un outil thérapeutique plus invasif qu'une simple pilule, les infiltrations restent une intervention sûre. Lorsqu'elles sont bien indiquées, elles peuvent apporter un soulagement significatif. Gardons néanmoins à l'esprit que les effets sont surtout prouvés au court terme, et qu'une action plus globale est nécessaire pour mettre toutes les chances de votre côté. 

Avoir toutes les chances d'être soulagé est primordial. Bien souvent, on vous a prévenu que l'étape d'après, c'est l'opération. Vous êtes donc nombreux à ressentir de l'appréhension et à considérer les infiltrations comme votre dernier espoir avant la chirurgie. Malgré tout, une prise en charge globale et active reste essentielle, notamment avec l'accompagnement d'un kinésithérapeute.

Alors, que pouvez-vous faire dès le jour de l'infiltration pour maximiser vos chances de récupération ? C'est ce que nous allons voir dans ce deuxième article : Que faire après une infiltration épidurale lombaire ? (bientôt publié !)

À bientôt

Éric

Catégories : ComprendreNouveau

1 commentaire

ANDRIEN MARC · 15 janvier 2024 à 11:34 am

Que pensez vous de l’efficacité de l’acupuncture ou/et ondes de choc dans le cas d’une bursite/tendinite trochantérienne de type chronique .

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.