Ce matin, j'ai eu un échange intéressant avec un patient. Il s'était fait un lumbago en refaisant ses lacets à la fin d'une dure journée de travail.
Je lui ai proposé un exercice en position debout qui consistait simplement à s'enrouler vers l'avant, comme s'il allait toucher ses pieds, puis à revenir en position initiale.
Après quelques répétitions, il me demande d'un air suspicieux : " Mais là, mon dos... il est rond, non ? ". Ce à quoi je lui réponds " Parfaitement rond, en effet !".
Ce mouvement est associé chez lui à du danger, à cause de ses représentations sur le dos, et à cause de ses expériences personnelles : son lumbago s'est produit pendant le même mouvement !
C'est alors que je lui ai posé cette question :
"Quel est le point commun entre la phobie des araignées, l'allergie au pollen et le mal de dos chronique ?"
Comment se débarrasse-t-on d'une phobie des araignées ?
L'une des approches utilisées en psychologie est l'exposition graduelle.
Il s'agit de s'exposer très progressivement à l'objet de la phobie dans un contexte de sécurité et sans en craindre les conséquences négatives.
Voilà un exemple de progression (je ne suis pas du tout expert, c'est un exemple) :
L'objet de la phobie est bien ce qui va constituer le traitement. Pas n'importe comment : de façon progressive et dans un contexte où la personne se sent en sécurité.
Comment guérit-on d'une allergie au pollen ?
Lors d'une allergie, votre système immunitaire réagit de façon démesurée à une molécule normalement bien tolérée . La réponse immunitaire peut être très importante, allant jusqu'à l'œdème de Quincke.
Pour certains types d'allergie, il est possible de bénéficier d'une désensibilisation. Le principe ? Exposer progressivement l’organisme à l’allergène afin que le système immunitaire finisse par le tolérer.
Il s'agit d'un traitement au long cours, car l'organisme a besoin de temps pour s'adapter.
Cela vous rappelle-t-il quelque chose ?
Comment se libère-t-on du mal de dos chronique ?
Il serait bien prétentieux (et faux) de répondre à cette question aussi rapidement.
Toutefois, l'exposition progressive aux mouvements et aux activités douloureuses semble réellement faire partie de la réponse. Cela fait partie des approches prioritaires pour reprendre une activité physique quand on a mal au dos.
Si se pencher en avant est un problème pour vous, alors se pencher en avant fera partie de la solution tôt ou tard. Tout est question de dose, de progressivité et de timing.
Les kinésithérapeutes formés à la prise en charge de la douleur sont là pour vous accompagner dans cette aventure.
Les douleurs persistantes semblent mettre en jeu à la fois des mécanismes psychologiques (d'où le parallèle avec la phobie) et des mécanismes neuro-immunitaires (d'où le parallèle avec l'allergie).
La recherche scientifique a encore du chemin à faire pour comprendre parfaitement les mécanismes en jeu dans la lombalgie chronique. Pour l'instant, nous disposons de plusieurs pièces du puzzle, et nous faisons de notre mieux pour les assembler de façon cohérente.
Il existe beaucoup d'outils que vous pouvez utiliser pour mieux gérer la douleur et reprendre vos activités préférées (voir les 54 astuces pour mieux gérer la lombalgie chronique). Les articles présents sur Comprendre Son Dos sont là pour vous aider.
Pouvez-vous trouver d'autres choses qui fonctionnent de la même manière que la phobie, l'allergie, etc ? Répondez-en commentaire !
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1 commentaire
Emma · 7 mai 2020 à 9:15 pm
Super article ! C’est comparable aussi aux croyances qu’on a (politiques, sur la santé, sur soi-même) : la seule façon de s’habituer à une autre pensée c’est en s’y exposant petit à petit. Vos vidéos ainsi que vos articles vont exactement dans mon sens – biais de confirmation haha – mais ça fait plaisir : déculpabiliser et refaire des mouvements (pour moi c’était croiser les jambes que je ne devais plus faire mais pas que), comprendre qu’on n’est pas une brindille qui va se casser au moindre mouvement …
Merci – je vous le dis je pense faire un article sur votre blog pour vous promouvoir car vous avez exactement le type de démarche que j’aime bien : le débunkage !