Vous venez de passer une Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) lombaire, et vous attendez impatiemment les résultats. La cause de vos douleurs infernales va enfin être révélée. Seulement, le jour J, tout ne se passe pas comme prévu. Votre médecin vous dit : "Vous n'avez rien, ne vous inquiétez pas". Et pourtant, vous avez toujours bel et bien mal au dos.

Dans une étude américaine de 2019 (réf), 23% des patients ayant subi un accident (personnel ou professionnel) et souffrant de douleurs lombaires avaient des résultats d'IRM normaux. Autrement dit, près d'une personne sur quatre ayant mal au dos suite à un accident, et à qui le médecin a jugé bon de faire passer une IRM, n'a aucune anomalie à l'IRM.

Alors pourquoi avez-vous mal alors que rien n'a été retrouvé dans les examens ? Voilà dans cet article trois possibilités qui pourraient bien vous concerner.

Qu'est-ce qu'un résultat normal d'IRM lombaire ?

Un résultat d'IRM dit "normal" ne signifie pas qu'il n'y a absolument rien au niveau du dos. Bien souvent, des modifications sont observées au niveau du dos (comme une discopathie, une déviation de la colonne, etc), mais ces résultats font partie de la normale, et ne sont pas problématiques.

Votre médecin ou kinésithérapeute ne cherche pas à minimiser votre douleur s'il vous dit que votre IRM est normale alors que la conclusion n'est pas "Examen normal". Il interprète ces résultats en fonction de votre situation.

Première possibilité : il n'y a simplement pas eu de cause décelable à l'IRM

Le fonctionnement de la douleur fait l'objet d'études depuis des décennies. L'un des principaux messages qui a émergé de ces années de recherche est que la douleur est fortement multifactorielle. C'est-à-dire qu'elle dépend d'une multitude de facteurs, et qu'une "blessure" n'est pas nécessaire à son apparition.

D'une façon générale, on estime à environ 90% la proportion de maux de dos pour lesquels on ne retrouve pas de cause pertinente à l'imagerie. Ce n'est donc pas une situation rare. 

Saviez-vous que ces changements à l'imagerie (discopathie, hernie, etc) ne prédisent pas très bien l'apparition de douleurs ? Par exemple, une dépression prédit bien mieux le début d'un mal de dos ! Pour plus de détails, consultez cet article que j'avais écrit pour le Huffingtonpost.

Qu'est-ce qui fait mal, dans ce cas ?

La douleur est une réaction de protection de l'organisme en réponse à une menace perçue. Votre corps perçoit un danger potentiel, et décide de vous faire réagir, pour votre bien. En effet, la douleur nous amène à adapter notre comportement pour préserver notre santé (retirer la main de l'eau brûlante, aller voir le médecin, ne pas marcher sur une jambe cassée, etc).

Voilà une liste non exhaustive de facteurs qui peuvent participer à une lombalgie :

  • Être fatigué(e) et/ou avoir des troubles du sommeil
  • Ressentir beaucoup de stress et d'anxiété au quotidien
  • Souffrir de dépression
  • Avoir déjà eu des épisodes de maux de dos intenses
  • Avoir entendu des choses inquiétantes au sujet du dos, des hernies discales, etc.
  • Un effort ou un étirement inhabituel
  • Une augmentation de la charge de travail trop rapide
  • Ne pas solliciter suffisamment son corps
  • Avoir des problèmes d'ordre personnel ou professionnel qui nous minent au quotidien
  • Focaliser régulièrement son attention sur son dos
  • Une alimentation malsaine

L'exemple de M. K

M. K fait de gros horaires dernièrement, depuis qu'il occupe un nouveau poste très prenant dans son entreprise. Cela lui laisse peu de temps pour son couple et ses enfants, ce qui occasionne des disputes et des nuits plus courtes. Un de ses parents est récemment tombé malade, et il s'inquiète régulièrement à ce sujet.

Un week-end, il décide d'aller faire du sport de façon intense pour se rafraîchir les idées. Il ressent alors une douleur aiguë dans le bas du dos. 

Deux ans plus tôt, il avait également eu mal au dos en faisant du sport, et quelqu'un lui avait dit de bien se tenir droit pour protéger son dos. M. K s'efforce de suivre ce conseil, mais cela l'amène à se contracter davantage et ressentir plus de douleur.

Désemparé, il passe une IRM lombaire. Comme vous pouvez peut-être le deviner, rien de particulier n'est retrouvé dans cet examen.

Deuxième possibilité : la cause initiale a disparu et d'autres facteurs maintiennent vos douleurs

C'est un grand classique, et l'une des choses que je suis le plus amené à expliquer dans ma pratique clinique. Prenons cette fois-ci deux exemples pour illustrer ce cas de figure.

Mr P a ressenti une douleur vive et intense en faisant des travaux physiques dans son jardin : c'est le lumbago ! Même si ce n'était pas recommandé, son médecin l'envoie passer une IRM, qui met en évidence une belle hernie discale volumineuse. Dix mois plus tard, il passe une seconde IRM car les douleurs sont toujours handicapantes et surprise : la hernie discale a disparu... 

Mme L s'est faite rapidement opérer d'une hernie discale car elle était hyperalgique et un traitement non chirurgical était difficile à envisager. L'intervention a été rapide et tous les nerfs sont en bonne santé. Des mois après, les douleurs sont toujours présentes. Le chirurgien est pourtant formel : la hernie n'est plus là !

Les facteurs de déclenchement d'une douleur ne sont pas forcément les mêmes que les facteurs de maintien de cette douleur.

Oui, un mal de dos peut apparaître suite à une fissure du disque intervertébral ou à une poussée d'arthrose lombaire. Néanmoins, dans beaucoup de cas, ces évènements ne permettent pas d'expliquer la persistance de douleurs lombaires après 1 an. Quels sont donc les facteurs qui augmentent réellement le risque de persistance des douleurs ?

  • Des troubles anxieux et/ou dépressifs
  • Des troubles du sommeil
  • Avoir le sentiment que les douleurs sont dues à quelque chose de grave, qui ne guérira pas et y penser régulièrement
  • Limiter fortement ses activités et ne pas reprendre progressivement comme recommandé, ressentir beaucoup de peur à l'idée de recommencer à bouger
  • Une très forte intensité de la douleur au début de l'épisode de mal de dos (potentiellement en lien avec un traitement insuffisant)
  • La présence d'autres problèmes de santé concomitants et une mauvaise hygiène de vie
  • Se sentir complètement démuni face à la douleur et ne pas du tout savoir comment la gérer

Cette liste n'est pas complète, mais elle vous donne déjà une idée concrète de ce qui peut prolonger certaines douleurs. Remarquez également que certains de ces facteurs peuvent être déjà présents AVANT le début des douleurs. Cela ne les empêche pas de jouer (potentiellement) un rôle une fois que les douleurs sont là.

Troisième possibilité : la cause de vos douleurs ne se situe pas au niveau du dos

Cela concerne principalement les douleurs présentes dans les jambes. Elles peuvent être dues à de multiples causes, dont des causes lombaires, d'où l'intérêt éventuel d'une IRM lombaire. Néanmoins, rechercher la cause de douleurs de jambes au niveau du dos peut se révéler un échec si les causes sont un problème artériel, par exemple.

Ces risques sont limités autant que possible par un examen clinique consciencieux de la part des professionnels de santé. Le recours à une IRM dépend lui-même de conditions bien spécifiques, pour éviter d'en passer pour rien.

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Au final, l'IRM a-t-elle été inutile ?

L'objectif principal d'une imagerie par résonance magnétique dans le cadre d'une lombalgie est d'écarter les pathologies les plus inquiétantes. L'examen complémentaire que vous avez passé n'a donc pas été inutile.

Votre médecin a probablement respecté les recommandations internationales à ce sujet (voir l'article Quand faut-il passer une IRM pour le dos ?).

Bien entendu, il est tout à fait compréhensible que ce résultat ne soit pas satisfaisant pour vous. 

Non,  tout cela ne signifie pas que c'est "dans la tête" !

À ce point-là de l'article, vous pensez peut-être : "Il est en train de me raconter que tout est dans ma tête". Pas du tout !

" La douleur, c'est dans la tête" est probablement l'une des pires choses que quelqu'un puisse dire à une personne qui souffre. C'est une énorme bêtise.

Le message de cet article, c'est que la douleur dépend de nombreux facteurs, y compris ce qui se passe dans notre tête et dans notre vie.

Nier l'influence de tous ces facteurs sur vos douleurs risque de vous enfermer dans un cercle vicieux.

Un cercle vicieux dans lequel vous chercherez toujours à corriger un défaut physique ou mécanique qui n'existe pas forcément.

Ce sujet fait l'objet d'un article entier, que je vous conseille fortement, et d'une vidéo (si vous préférez la vidéo à l'écrit).

Que puis-je faire pour aller mieux ?

C'est une grande question, et l'entièreté du blog y est dédiée. D'une façon générale, le mouvement et l'activité physique font souvent partie de la solution. Les effets bénéfiques de l'activité physique sont innombrables.

L'exercice participe à désensibiliser votre système nerveux (celui qui décide si cela fait mal ou non), et vous réhabituer aux activités de la vie quotidienne. Souvent, le défi est de trouver quels exercices vous conviennent, et à quel dosage.

Avant de découvrir les stratégies de reprise d'activité physique, je vous conseille de lire l'article sur les conséquences de l'évitement et l'article sur les conséquences du No Pain No Gain.

Pour certaines personnes, le voyage est très rapide. Pour d'autres, c'est un chemin plus long et plus sinueux.  Une chose est sûre : il existe des approches qui peuvent vous aider.


6 commentaires

mariepierreguilbaud0@gmail.com · 24 novembre 2022 à 2:22 pm

Ma fille a une myopathie mitochondriale et elle a mal au dos IRM normal que faire

    Eric Bouthier · 4 décembre 2022 à 9:46 pm

    Bonjour Marie-Pierre,
    Je vous avoue que je connais mal les myopathies mitochondriales. Je suppose que des mouvements pourraient tout de même l’aider, mais il faut bien entendu que leur difficulté soit adaptée aux capacités actuelles de votre fille. Est-elle suivie par un kinésithérapeute qui pourrait lui proposer des choses à faire au quotidien ?

Alex · 31 août 2022 à 9:05 pm

Bonjour j’ai une question : j’ai une douleurs lombaires droite depuis 2016 qui peut venir en sciatique quand j’etire mes lombaires où mes jambes.j’ai passer plusieurs IRM scanner radio Eos(Ras à part que j’ai des courbures faible d’après le médecin du sport).j’ai un vu un rhumatologue ,un chiro,un médecin du sport.j’ai vu 4 kiné différents, un naturopathe,un gastro enterologue, de l’accuponcture , plus de 20 séance d’ostéopathe ,podologue ect… Personne ne sait quoi me dire
J’ai tenter de reprendre des exercices ou étirements un trentaine de fois en 6 ans mais a chaque fois la douleur m’oblige à stopper.Ce blog me redonne de l’espoir mais c’est dur j’ai 29 ans et depuis mes 23 ans je souffre de ne plus pouvoir refaire de la boxe. Je lis actuellement un livre de Christophe Carrio ,à voir. Merci pour votre site en tout cas et je vais continuer à essayer d’accepter la douleurs

Breard · 31 août 2022 à 7:26 pm

Bonjour j’ai une question : j’ai une douleurs lombaires droite depuis 2016 qui peut venir en sciatique quand j’etire mes lombaires où mes jambes.j’ai passer plusieurs IRM scanner radio Eos(Ras à part que j’ai des courbures faible d’après le médecin du sport).j’ai un vu un rhumatologue ,un chiro,un médecin du sport.j’ai vu 4 kiné différents, un naturopathe,un gastro enterologue, de l’accuponcture , plus de 20 séance d’ostéopathe ,podologue ect… Personne ne sait quoi me dire
J’ai tenter de reprendre des exercices ou étirements un trentaine de fois en 6 ans mais a chaque fois la douleur m’oblige à stopper.Ce blog me redonne de l’espoir mais c’est dur j’ai 29 ans et depuis mes 23 ans je souffre de ne plus pouvoir refaire de la boxe. Je lis actuellement un livre de Christophe Carrio ,à voir. Merci pour votre site en tout cas et je vais continuer à essayer d’accepter la douleurs

    Nabil · 17 janvier 2023 à 12:39 am

    Bonjour, j’ai 32 ans et depuis 4 mois je traîne des douleurs lombaires ainsi qu’à la jambe au niveau du nerf crural.

    C’est arrivé depuis que j’ai porté des charges lourdes durant plusieurs jours, et j’ai réalisé plusieurs examens d’imagerie qui m’indiquent que tout va bien (Radio, IRM et Scintigraphie).

    Les images indiquent que mes disques sont parfaitement hydratés, et aucune anomalie n’est détectée alors que j’ai l’impression d’avoir les symptômes de la hernie discale.

    J’essaie de faire du sport de façon modérée mais parfois les douleurs resurgissent de manière intense et je suis obligé d’arrêter.

    Je n’abandonnerais jamais car j’aime vraiment le sport et j’aimerais pouvoir en pratiquer sans soucis, j’aimerais avoir vos conseils merci d’avance.

      Eric Bouthier · 17 janvier 2023 à 9:22 pm

      Bonsoir Nabil,
      Il faudrait pouvoir se baser sur un examen clinique complet pour vous donner des conseils pertinents. Pour l’instant, avez-vous été accompagné par un kiné habitué à ce genre de douleurs ?
      Comment avez-vous planifié votre entrainement sportif ?

      Vous êtes très motivé et c’est un aspect très important pour la reprise du sport. Vous pouvez me répondre ici ou par mail (contact@comprendresondos.com).

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