Votre mal de dos peut-il avoir une cause grave ?

Si vous lisez cet article, vous êtes peut-être déjà inquiet. Pour certaines personnes, c'est l'intensité de la douleur qui est la plus préoccupante. Pour d'autres, c'est le fait que la douleur persiste qui est le plus angoissant. Et si c'était quelque chose de grave ? Est-ce je devrais passer un examen supplémentaire ? À partir de quand s'inquiéter ?

Angoisser à l'idée d'une maladie grave est une source majeure de stress. Une courte recherche sur Internet peut rapidement donner des frissons : infection, cancer, syndrome de la queue de cheval, fracture, etc.

Voilà un article qui vous permettra d'aller consulter votre médecin sans omettre un détail parfois crucial et d'être rassuré dans la grande majorité des cas.

Les informations dont vous avez besoin

Le but de cet article est de vous donner une liste de symptômes à surveiller et éventuellement à mentionner à votre médecin. Certains invitent à une consultation immédiate aux urgences, d'autres sont une simple information à fournir aux professionnels de santé.

Ensuite, vous découvrirez les choses les plus importantes à savoir au sujet des différents types de maux de dos, de la lombalgie "commune" à la pathologie grave.

Quelle proportion des maux de dos est due à un problème sérieux qui nécessite un traitement urgent ? Nous le verrons juste après la liste de symptômes.

À lire avant toute chose

Cet article ne remplace pas une consultation médicale.

Le diagnostic médical est l'affaire du médecin. Ce que vous allez trouver dans cet article, ce ne sont que des éléments qui peuvent (ou non) aider votre médecin à poser un diagnostic.

Si vous présentez un des symptômes présents dans cette liste, cela ne signifie pas forcément que vous avez quelque chose d'inquiétant. Les seuls indices qui nécessitent une consultation médicale urgente sont écrits en rouge.

Il y a peut-être des questions spécifiques à votre profil que votre médecin vous posera. La liste ci-dessous est une liste de symptômes (des choses que vous ressentez) et d'éléments importants dans l'histoire de vos douleurs.

J'omets volontairement les signes, qui sont les choses que le médecin observe au travers de ses tests.

La liste des symptômes et indices à mentionner au médecin

En rapport avec la sensibilité cutanée

Une perte de sensibilité au toucher, voire une anesthésie complète dans la région génitale, fessière et/ou péri-anale nécessite une consultation médicale en urgence. Cela peut être un signe de compression nerveuse sévère. Une opération chirurgicale est alors indiquée dans les plus brefs délais.

Une perte de sensibilité au niveau des jambes doit également être signalée et explorée par le praticien. Elle peut concerner une ou deux jambes, et être plus ou moins étendue. Par exemple : uniquement le bord extérieur du pied, tout un mollet, les deux cuisses, etc.

En rapport avec les caractéristiques de votre douleur

Chaque matin, se lever du lit est un calvaire ? Il vous faut plus d'une demi-heure pour vous "déverrouiller" et pour commencer à bouger normalement ? C'est une information importante à partager avec votre médecin.

Vous ressentez des douleurs type sciatique dans les deux jambes en même temps, ou bien vos douleurs alternent entre les deux jambes au fil du temps.

En rapport avec l'histoire de vos douleurs

Vous avez récemment perdu du poids, sans explication pertinente (régime alimentaire, changement dans le style de vie,...)

Vous avez perdu l'appétit et vous ressentez une fatigue inhabituelle. Ces signes ne sont pas spécifiques à une maladie en particulier : beaucoup de choses différentes peuvent vous faire perdre l'appétit, du poids et vous fatiguer.

La fièvre est également un symptôme important à mentionner à votre médecin si elle est associée à des douleurs lombaires et/ou des sciatalgies. Une fois de plus, ce n'est pas un symptôme associé à un problème particulier.

Vos douleurs ont débuté suite à un traumatisme important, comme une chute ou un choc direct sur votre dos. 

Le traumatisme est parfois peu intense, si vous avez des facteurs de risque d'ostéoporose (âge, déficit vitamine D, prise de cortisone..)

En rapport avec vos antécédents médicaux et personnels

Vous avez un antécédent récent de tumeur, d'infections urinaire ou cutanée, d'intervention chirurgicale gastro-intestinale ou génito-urinaire.

Vous faites usage de drogues par voie intraveineuse, ou une pathologie nécessite le port d'une sonde urinaire permanente. Ces facteurs constituent de possibles portes d'entrée pour une infection.

Vous souffrez d'autres pathologies systémiques, comme un diabète, une polyarthrite rhumatoïde ou une ostéoporose.

Une consommation régulière et soutenue de tabac et d'alcool augmente le risque de certaines pathologies pouvant mimer une lombalgie.

En rapport avec votre force musculaire

Vous souffrez d'une perte de force importante au niveau des jambes. Comment évaluer cela soi-même ?

En position assise, parvenez-vous à monter un genou puis l'autre ? À étendre complètement la jambe en l'air ? À ramener la pointe de chaque pied vers vous ? 

En position debout, parvenez-vous à monter sur la pointe des deux pieds sans problème ? Est-ce que le pied "tombe" lorsque vous marchez ?

Si vous ne pouvez pas faire l'une de ces actions, comme si vous n'aviez pas assez de force, consultez rapidement votre médecin.

Si la perte de force musculaire semble augmenter au fil du temps au lieu de s'améliorer (ex : le pied "tombe" de plus en plus lorsque vous marchez, ou vous arrivez de moins en moins à monter sur la pointe des pieds), c'est une information importante à communiquer au médecin.

En rapport avec un traitement médicamenteux

Vous suivez un traitement à base de corticoïdes de manière prolongée, ou un autre traitement médicamenteux entrainant un affaiblissement du système immunitaire.

En rapport avec des troubles vésico-sphinctériens et sexuels

Depuis l'apparition des douleurs, vous avez remarqué l'apparition d'une incontinence urinaire et/ou fécale (une difficulté à retenir les urines ou les selles). Pour d'autres personnes, c'est au contraire une constipation ou une rétention urinaire. C'est un symptôme qui nécessite une consultation en urgence.

Vous avez remarqué l'apparition d'un dysfonction sexuelle (masculine ou féminine).

Ce symptôme doit toutefois être relié à d'autres, comme une perte de sensibilité au toucher dans la région génitale et péri-anale. La douleur peut facilement être associée à une perte de libido, et cela se comprend.

Quelle proportion des maux de dos est due à une pathologie grave ?

La lombalgie liée à une pathologie sérieuse

Parmi tous les maux de dos, on estime que seuls 1 à 2% sont l'expression d'une pathologie sérieuse nécessitant un traitement spécifique. Il s'agit par exemple du cancer, d'une infection, d'une fracture, d'une pathologie rhumatismale inflammatoire comme la spondylarthrite ankylosante ou une fracture vertébrale. 

La première chose à retenir est qu'il s'agit de cas rares. 

La deuxième est que les professionnels de santé sont normalement formés à la détection de ces pathologies. Ou plus précisément : les professionnels de santé sont capables d'estimer le risque de pathologie sérieuse et de vous orienter vers la meilleure prise en charge disponible. Y compris vers une IRM lorsque c'est utile.

La lombalgie spécifique

Dans 5 à 10% des cas, les examens complémentaires permettent d'identifier une cause précise aux symptômes. Voilà plusieurs exemples de causes spécifiques :

  • Une hernie discale qui vient comprimer une racine nerveuse et créer une sciatique paralysante. 
  • Un canal lombaire étroit qui explique les symptômes ressentis (il arrive qu'un canal lombaire étroit soit présent mais ne soit pas responsable de la douleur)
  • Un spondylolisthésis qui correspond bien aux symptômes ressentis (une fois de plus, tous les spondylolisthésis ne posent pas de problème)

La lombalgie non-spécifique ou lombalgie commune

Environ 90% des lombalgies, soit l'écrasante majorité, sont dites "non-spécifiques" ou "communes". Qu'est-ce que cela signifie ?

La Haute Autorité Santé définit la lombalgie commune comme "une douleur lombaire qui ne comporte pas de signes d’alerte".   Les signes d'alerte correspondent à tous ces indices qui peuvent aiguiller votre professionnel de santé vers un diagnostic particulier.

Cela signifie qu'aucune cause structurelle précise n'explique les symptômes que vous ressentez.

La douleur est bien réelle : personne ne remet en question la réalité et la légitimité de vos douleurs. On ne peut simplement pas pointer du doigt un endroit sur votre radiographie/IRM et dire : "C'est cela qui est responsable de la douleur".

Cela peut être frustrant, car nous aimerions trouver ce qui crée cette foutue douleur et aller voir celui qui nous n'enlèvera. Comme ce serait simple !

Qu'est-ce qui explique la douleur dans ce cas, s'il n'y a "rien" à la radio ? Un article complet existe à ce sujet.

Vous pourriez également être intéressé par cet article : La douleur, c'est dans la tête ?

Références bibliographiques

Recommandations de bonnes pratique de la HAS concernant la lombalgie commune : Site de la HAS

Recommandations de la North American Spine Society ici

Quelques études sur la fiabilité des symptômes listés dans cet article ( ici , ici , ici, ici )


6 commentaires

Émilie Rafin · 10 septembre 2023 à 3:34 pm

Je viens de lire plusieurs de vos articles . Je suis très inquiète, j ai une sciatique depuis 1 an . La douleur prend depuis qqs jours les deux jambes . Beaucoup moins fort sur la nouvelle jambe . Mes pieds m’ont demangé. J ai très peur et je suis pratiquement incapable d aller voir un médecin de peur de faire des examens . Est ce que le syndrome de la queue de cheval peut arriver de cette façon ? Vos articles sur le stress me définissent complètement, pas dans le.bon sens . Je suis allée voir mon médecin au début qui a fait les tests en cabinet . Et a dit sciatique .

    Eric Bouthier · 10 septembre 2023 à 3:50 pm

    Bonjour Émilie,
    Je comprends que vous soyez inquiète si vous êtes dans le flou au niveau du diagnostic et de la marche à suivre. Savez que les seuls signes vraiment inquiétants dans écrits en rouge dans l’article, donc pas ceux que vous mentionnez. Le fait que la douleur puisse être présente dans les deux jambes n’est pas un signe de gravité en soi, cela incite surtout les praticiens à bien évaluer le système nerveux pour comprendre ce qu’il se passe. La douleur dans les deux jambes et les pieds qui démangent ne sont pas des signes de syndrome de la queue de cheval, on vérifie plutôt la perte de sensibilité au toucher dans la zone génitale et anale, et incontinente ou rétention urinaire.

    Si vous n’avez pas fait d’examens en 1 an et que cela ne s’arrange pas (voire l’inverse), c’est peut-être une indication à en faire.

      Émilie · 13 septembre 2023 à 10:48 am

      Éric, merci de votre réponse, elle a pour bénéfice de me rassurer, un peu. Je vais faire le nécessaire.
      Une dernière question, la perte de sensibilité est elle « inratable » ? Je crains de ne pas me rendre compte ? Idem pour l’incontinence ou la rétention ?

        Eric Bouthier · 14 septembre 2023 à 9:51 pm

        Pour la perte de sensibilité dans les zones intimes, l’incontinence et la rétention il me semble que c’est difficile à rater.
        Pour la perte de sensibilité au niveau des jambes, le praticien teste toutes les zones de deux façons : avec quelque chose de « doux » comme du coton ou un filament en nylon, et avec quelque chose qui pique. C’est pour tester l’ensemble du nerf. Si c’est fait, c’est assez fiable !

Declercq Marie ange · 6 juin 2023 à 6:15 am

Bonjour merci pour les messages je voulais savoir si vous avez des informations sur la spondylarthrite pour vivre avec tout les jours merci beaucoup

    Eric Bouthier · 7 juin 2023 à 9:59 pm

    Bonjour Marie Ange, merci pour votre commentaire ! Il y aura bientôt un article sur les différences entre lombalgie commune et spondylarthrite. Si plusieurs personnes le souhaitent je pourrai aussi en faire un sur la gestion du mal de dos dans la spondylarthrite 🙂

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